Phượng Bùi Trân a prononcé sa leçon inaugurale en public : « Les femmes dans l’histoire du Việt Nam : regard d’une historienne » le 9 mars 2023 au Collège de France

Son cycle de cours et de séminaires a débuté le 13 février 2023. Elle organise egalement un colloque international le 8 juin 2023 intitulé  Femmes vietnamiennes : créativité et engagement.

Née en 1950, Phượng Bùi Trân enseigne depuis 1972 dans différentes universités vietnamiennes et françaises ainsi que dans des programmes développés par des universités américaines au Việt Nam.

Convaincue de l’intérêt d’une approche interdisciplinaire dans la recherche en sciences sociales et humaines, elle possède une maîtrise des cultures vietnamienne et française. Ses travaux portent sur l’histoire de la colonisation comme histoire partagée avec la prise en compte de l’interaction et de l’influence mutuelle entre colonisateurs et colonisés ; l’histoire des femmes et du genre ; l’histoire de l’éducation et des intellectuels ; l’histoire de la culture vietnamienne dans une optique comparatiste avec celles de la Chine et d’autres pays de l’Asie du Sud-Est.

« Une idée reçue au Việt Nam est de penser qu’avant l’arrivée de l’Occident le pays était très oppressif envers les femmes. Or, le pays a une source bien plus ancienne que ces mille ans de domination et fait partie de la civilisation sud-asiatique qui est très variée et souvent matrilinéaire. Pour simplifier, la riziculture est très répandue, et cette culture demande une main d’œuvre plus nombreuse et minutieuse que celle du blé par exemple. Elle ne peut donc se passer de la main d’œuvre féminine. Les femmes comptent alors dans la production, dans le commerce et les croyances. De plus, avec la matrilinéarité, les alliances entre grandes familles passaient par les femmes. Elles avaient donc un rôle politique, il fallait compter avec elles, notamment dans les moments de transition, de changement de règne… Cela ne se perd que vers le XVe siècle, avec le monopole du confucianisme. Elles se rattrapent alors dans la culture et même l’instruction, car si le confucianisme excluait les femmes des concours, elles pouvaient être institutrices. Les femmes n’avaient donc pas le droit de se présenter aux concours, mais quelques-unes d’entre elles – les plus talentueuses et les plus persévérantes – aidaient les hommes à les préparer. »

Cette citation provient de son entretien Les femmes vietnamiennes ont toujours eu une place dans les luttes pour l’indépendance, à découvrir sur le site web du Collège de France avec le programme de ses enseignements, ainsi que sa biographie.

À propos de la chaire Mondes francophones

Créée en partenariat entre le Collège de France et l’Agence Universitaire de la Francophonie, la chaire Mondes francophones a pour objectif principal de mieux faire connaître la recherche et l’enseignement de grandes personnalités de la francophonie qui, par leurs travaux, en illustrent éminemment la production scientifique et culturelle. L’enseignement dispensé sur la chaire assure une visibilité importante aux enjeux intellectuels de l’espace francophone, à destination du monde académique et du grand public, et permet l’invitation d’une personnalité de premier plan, renouvelée chaque année.

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